Comme vous le savez si vous avez lu mes articles précédents, après avoir visité Bishkek, nous sommes partis pour Osh, au sud du pays. À partir de cette ville, nous avons décidé de faire un trek à cheval dans les Monts Alaï. Ce fut notre première aventure Kirghize, et quelle belle aventure ! Dans cet article, je vous raconte comment organiser votre trek à cheval ou à pied, dans les sublimes Monts Alaï au Kirghizistan.
Aller à Osh au Kirghizistan
Osh est le point de départ idéal pour commencer un trek à cheval dans les Monts Alaï, ou même pour partir marcher à l’assaut des montagnes du Pamir. Plusieurs moyens existent pour s’y rendre depuis Bishkek, mais il est également possible d’y venir directement depuis la France.
Venir à Osh depuis la France
Si vous souhaitez concentrer votre voyage au Kirghizistan sur Osh et sa région, sachez qu’il existe des vols qui s’y rendent sans forcément passer par Bishkek, la capitale. Au départ de Paris ou de Lyon, vous pouvez voler avec Pegasus vers Osh, avec une escale à Istanbul. Même si je ne recommande pas cette compagnie à cause de ses fréquents retards et son mauvais service aux clients, cela peut quand même être une option à considérer.
Venir à Osh depuis Bishkek
En taxi partagé
Osh se trouve à plus de 700 km de Bishkek. La route pour s’y rendre traverse de nombreuses montagnes, ce qui fait que le trajet dure entre 12 et 15 heures. Il est possible d’opter pour un taxi partagé avec d’autres personnes. C’est une option qui nous a été proposée par un chauffeur dès notre arrivée à l’aéroport de Bishkek.
En avion
Vous pouvez voyager en avion à travers le Kirghizistan avec des vols internes. Les compagnies qui font les liaisons quotidiennes entre les villes du pays sont Avia Traffic Compagny et Tez Jet. Nous avons tenté d’acheter les billets en ligne, mais nous n’avons jamais réussi, nos cartes bancaires semblaient incompatibles. Alors, nous nous sommes rendus à l’agence Book-it, dans le centre-ville de Bishkek (ici). Une conseillère a réalisé l’achat de ticket pour nous et nous avons été étonnés de payer moins cher que ce que nous avions vu en ligne. Le trajet nous a couté 38 $ avec un bagage en soute.
Que faire à Osh ?
Osh est une ville Kirghize très typique. Apprêtez-vous à marcher ! Digne cité d’architecture soviétique, les avenues sont immenses. Tout est si loin ! Lors de notre passage, la chaleur était accablante, donc je ne peux pas dire que nous ayons pris énormément de plaisir à nous y promener. Cependant, il y a à Osh plusieurs lieux qui méritent que l’on s’y attarde. Voici quelques points incontournables à inclure dans votre itinéraire :
- Le mont Suleiman-Too : Une montagne sacrée au-dessus de la ville, où sont situés des nombreuses grottes, mausolées et sanctuaires. De là, vous bénéficierez d’une vue panoramique !
- Le bazar d’Osh : Le marché local, l’un des plus grands et des plus anciens d’Asie centrale. Vous y trouverez des produits locaux, des épices, des souvenirs et une variété de plats kirghizes à déguster.
- La mosquée Sulayman-Too : Magnifique mosquée construite au pied de la montagne Suleiman-Too, un lieu de prière et de méditation important pour les habitants.
- Le musée historique de Osh : Une collection d’artéfacts, d’objets anciens et de pièces historiques pour en savoir plus sur la région.
Réserver un trek à partir de Osh
Si nous sommes venus jusqu’à Osh, c’est surtout pour partir à la découverte des montagnes environnantes, et faire un trek à cheval dans les Monts Alaï.
Pour cela, il existe une organisation parfaite au Kirghizistan : le CBT. Le CBT est l’équivalent d’un office du tourisme. Il est financé en partie par l’État, mais au-delà de donner des informations, il organise aussi des excursions dans toutes les régions du pays. Le CBT dispose d’un réseau de partenaires (guides, propriétaires de yourtes, chauffeurs, ect.) duquel nous, petits touristes, pouvons profiter pour partir à l’aventure. C’est idéal si vous n’avez pas votre propre moyen de locomotion sur place, car vous n’avez plus qu’à vous laisser conduire de mains en mains sans souci. Il peut également vous conseiller sur les itinéraires de randonnées, ou encore vous réserver une nuit en yourte sur le chemin que vous prévoyez. Bref, c’est plus qu’une simple agence de voyage, c’est vraiment un lieu de conseils et d’organisation incontournable pour tous les voyageurs qui veulent randonner dans la Monts Alaï et le Pamir.
L’adresse du CBT Office de Osh a récemment changé. Il n’est plus dans le Grand Alaï Hotel, mais il est maintenant situé au Ergesh Aliev 190.
Notre trek à cheval dans les Monts Alaï
Nous avons choisi de partir pour trois jours de randonnée à cheval avec deux nuits en yourte, dans les alentours de Gulcha. Cependant, nous ne souhaitions pas repartir sans avoir pu contempler le Pic Lénine. C’est pourquoi nous avons ajouté un transport jusqu’à Sary Mogul et une nuit en homestay afin de faire une mini-randonnée à son pied.
Jour 1
Le premier jour, nous avons eu rendez-vous au bureau du CBT à Osh à 9h. Nous étions un groupe de 4, nous deux, et deux autres Français. Nous avons pris la route pour une bonne heure, en direction du village de Gulcha. Là-bas, les chevaux de Horse Riding Osh nous attendaient sagement, prêts à commencer le trek. J’espère que vous aurez la chance de partir avec eux, parce que les chevaux sont adorables, tout comme le guide, qui parle un anglais parfait, et le horseman.
Pour nous, monter à cheval était une première ! Je n’avais pas trop confiance les premières minutes et j’avais du mal à dompter mon cheval. Mais finalement, on prend vite l’habitude. Puis j’ai eu la chance d’avoir Alat, un super cheval ! Il était très calme, affectueux et obéissant.
Nous avons commencé le trek en grimpant à travers le paysage de basse montagne. Après deux heures, nous avons fait une pause sous les arbres. Puis, nous avons continué la route, sur des chemins qui s’enfonçaient dans la montagne. Nous avions bien gagné en aisance sur nos chevaux et nous nous amusions à trotter. Vers 15 heures, nous sommes arrivés au cœur d’une immense vallée verdoyante où se trouvait notre campement pour la nuit. Nous étions seuls au monde au milieu d’un paysage magnifique.
Le soir, on nous a servi un plat à base de légumes et de cartilages de mouton (le premier d’une looooongue série) puis nous nous sommes couchés tôt. Ma première nuit en yourte fut catastrophique pour cause d’un rhume carabiné qui empirait d’heure en heure. Mais je n’oublierai jamais, lorsque je suis sortie et que j’ai levé la tête vers le ciel, le spectacle étoilé dont j’ai profité. Je pense ne jamais avoir contemplé un ciel aussi beau : constellations, étoiles filantes et Voie Lactée. Oui, oui, rien que ça. Et puis le silence. C’est merveilleux le silence.
Jour 2
Le lendemain matin, nous avons profité d’un petit-déjeuner à la yourte, puis nous avons levé le camp sans nous presser. La randonnée du jour a commencé par une grosse grimpette pour nos chevaux, sur un col très raide. Le paysage à ce moment-là était tout simplement splendide. Je crois que je commence à manquer de vocabulaire pour en décrire la beauté, alors je vous invite à regarder les photos.
Après toute montée, il y a une descente, et celle qui s’est alors présentée à nous était très très délicate. Les pentes étaient extrêmes. Certains chevaux avaient peur et se montraient réticents (moi aussi, j’avais peur). Heureusement, mon cheval était parfait. Il suivait le guide, faisait les mêmes virages, et choisissez toujours les meilleures options entre les rochers. J’étais fascinée par son intelligence. Ce sentier difficile nous a conduit dans une clairière enchantée, ambiance studio Ghibli. Des chevaux sauvages , de l’herbe bien verte, un petit ruisseau qui circule entre les rochers, des vaches qui broutent et des veaux qui nous observent… Un paradis terrestre ! Nous avons déjeuné près du ruisseau. On apprécie la pause. À ce stade, après 1,5 jour de cheval, le corps nous fait extrêmement souffrir.
La balade s’est ensuite poursuivie sur des pistes qui longeaient la rivière. Sur ces rives, des familles étaient installées à l’ombre, près des yourtes. Les hommes, avec leurs grands chapeaux, nous saluaient et nous invitaient à venir boire le thé. Il régnait ici une ambiance d’oasis au milieu de l’aridité. À ce moment-là, les douleurs liées au cheval devenaient très compliquées à gérer. Heureusement, nous n’avons pas tardé à atteindre notre deuxième yourte, cette fois sur une colline surplombant les alentours.
Là-bas, nous avons passé de très beaux moments. La famille avait 4 enfants, une jeune fille, 2 fillettes et un petit bébé de quelques mois avec une tête toute ronde. En plus, ils recevaient leurs cousins et cousines. Il y avait une super ambiance. Ils ont organisé des jeux de cordes pour que tout le monde mesure sa force. Ensuite, la jeune fille a emmené une sono et nous avons dansé ensemble. Danser sur des musiques kitchs, perdus au milieu de nulle part, cernés par les montagnes. Instant suspendu.
Nous avons ensuite dîné notre ragout de mouton. Cette fois, pas de cartilage pour moi. J’aurais des pièces de choix : le gras et le rein. Fameux !
Jour 3
Bon, le troisième jour, ce serait mentir que de dire que je l’ai apprécié. Quand on n’a pas l’habitude de faire du cheval, c’est très douloureux. Je me suis réveillée avec des maux des genoux jusqu’aux cervicales, et pas d’excellente humeur. La soupe de mouton que l’on m’a servie pour le petit-déjeuner n’a pas amélioré mon moral.
Nous avons pris la route, dans le froid et sous la pluie. Le paysage était encore une fois sublime, mais il était difficile d’en profiter à cause de la douleur. Nous sommes arrivés au sommet d’un col rocheux frappé par un vent très fort, et le guide nous a demandé de marcher près de notre monture. Une fois en bas, je ne suis pas remontée. J’ai préféré marcher quitte à ralentir le groupe. Pardon ! Heureusement mes souffrances ont été abrégées puis nous avons terminé vers midi. Nous avons eu un lunch chez notre guide, et nous avons dit au revoir à cette belle équipe ainsi qu’à nos super chevaux.
Arrivée au village de Sary Mogul
Après le déjeuner, notre chauffeur est venu nous récupérer, pour nous conduire en direction de notre homestay (Musa Homestay), dans le village de Sary Mogul. Ce chauffeur était un personnage haut en couleur, nous avons adoré côtoyer sa bonne humeur jusqu’au lendemain.
Sary Mogul est un village perché à 3000 m d’altitude qui ne ressemble à aucun autre. Imaginez-vous, les montagnes enneigées, dont le Pic Lénine, qui dominent l’horizon et vous offrent un spectacle scintillant à toute heure de la journée. Avant l’étendue désertique qu’il faut traverser pour atteindre le lac Tulpar Kul, on croise une rivière dont l’eau est teintée de rose. L’endroit est féérique.
Nous nous sommes baladés sur la route principale du village, entre les habitations typiques. Tout le monde était très amusé et intrigué par notre présence. Les enfants nous saluaient et voulaient parfois nous toucher. Les femmes, curieuses, passaient la tête par l’entrebâillement de leur porte. On se demandait si elles ne s’étaient pas téléphonées pour se prévenir qu’il y avait des étrangers au village, parce qu’on les voyait sortir les unes après les autres dès qu’on arrivait à leur hauteur. Les hommes nous faisait un signe de la tête (sauf un, qui s’est tourné vers nous pour cracher, mais bon, il faut bien un *** dans tous les villages). Certains enfants se cachaient pour nous observer. À un moment, je vois deux toutes petites têtes sortir de deux immenses jarres posées au bord du chemin. C’était trop drôle !
Randonnée au pied du Pic Lénine (Lenine Peak base camp / Onion field)
Pour le dernier jour de cette expédition, nous avons pris la voiture avec notre nouveau chauffeur préféré en direction du lac Tulpar Kul.
De Sary Mogul à Tulpar Kul
Il faut rouler une bonne heure sur une piste bien cabossée, à travers une zone désertique ponctuée de minuscules collines, avant d’arriver jusqu’au lac. Nous avons vu quelques personnes qui marchaient de Sary Mogul jusqu’au lac. S’il vous prend l’idée de le faire, sachez quand même qu’il s’agit d’une route droite de plusieurs kilomètres au milieu d’un désert, sous le soleil agressif de 3000 m et sans une zone d’ombre. À vous de voir, mais moi, ça ne m’a pas donné envie !
Au bout de la route, il y a le lac principal, mais aussi tout plein de petits lacs formés autour entre les vallons. Les nuances de bleu sont innombrables. Encore une fois, le paysage est splendide. Et ce n’est rien à côté de la randonnée que nous allons faire.
Le sentier vers Onion Field
Notre chauffeur nous a déposé au niveau des camps de yourte et nous a donné deux bonnes heures pour partir marcher au pied du Pic Lénine, jusqu’au début du glacier. À plus de 7 134 m, son sommet enneigé domine la chaîne du Pamir
La marche est très simple. Il faut d’abord traverser un petit pont, puis suivre une rivière. Celle-ci nous guide jusqu’au camp de base du Pic Lénine. Ensuite, il s’agit d’avancer tranquillement sur un faux plat. C’est plus compliqué qu’il n’y parait avec l’altitude, il faut bien gérer son souffle. Mais c’est parfaitement faisable. Il n’y a vraiment aucune difficulté sur ce sentier. Tout autour du chemin, d’énormes marmottes à longues queues regardent les promeneurs. Elles ne sont pas farouches. Surement, ont-elles déjà été apprivoisées à coup de sucreries… En tout cas, j’étais bien contente de pouvoir les prendre en photo sans qu’elles remuent un brin de moustache.
Nous avons marché dans ce paysage merveilleux jusqu’à Onion Field, une zone où poussent des oignons sauvages, puis nous avons dû faire demi-retour. Cette balade était si belle ! Nous n’avons vraiment pas regretté d’avoir prolongé notre excursion pour venir jusqu’ici.
Si vous visitez la région d’Osh, je vous conseille 1000 fois de faire étape à Sary Mogul, car le village autant que les paysages alentours sont d’une beauté fascinante.
Notre chauffeur nous a ramené au homestay le temps de déjeuner, puis nous avons pris la route pour rentrer à Osh. Nous sommes arrivés en ville trois heures plus tard, aussi cradingues qu’heureux !
Le prix de notre trek à cheval dans les Monts Alaï
Au total, nous avons payé 380 € par personne pour cette excursion. Tout était inclus : un guide, un horseman mais aussi un chauffeur pour le trajet aller/retour Osh-Sary Mogul. Avec la nourriture des chevaux, mais aussi nos propres repas pour quatre jours et nos hébergements pour trois nuits, je trouve que l’on s’y retrouve parfaitement.
Vous savez maintenant tout sur la formidable aventure que fut notre trek à cheval dans les Monts Alaï. Les paysages de la région de Osh, les Monts Alaï et le Pamir, étaient, pour nous, les plus beaux de ce voyage au Kirghizistan. Et même si ce n’était pas toujours facile, je ne garde aujourd’hui que de merveilleux souvenirs. Si vous êtes à Osh, je vous conseille vivement de vous rapprocher du CBT pour vivre cette expérience à votre tour !